Mauvaise qualité des fourrages, les bons conseils pour réussir ses agnelages !

Un prix de l’agneau historique face à des fourrages de qualité inférieure. Comment assurer la production de demain sans manger sa marge sur coût alimentaire ? Nous avons réalisé pour vous un tutoriel pour anticiper au mieux la qualité de vos rations tout en évitant les dépenses inutiles.

Le constat : L’année 2024 a été marquée par une pluviométrie importante. Entre une herbe gorgée d’eau et un fauchage tardif, il a été compliqué pour les éleveurs de récolter des fourrages de qualité. Les moissons ont aussi montré des baisses de rendement importantes, mais la teneur en protéines des céréales se maintient. Le poids spécifique est en baisse et il faut réajuster ses repères de distribution.

En comparant les moyennes d’analyses 2024 de plusieurs fourrages avec les références connues, de manière globale, les fourrages 2024 affichent une baisse en protéine et de ce fait en matière azotée de l’ordre de 20-25%. L’énergie est également impactée avec une baisse de 13 à 14%. L’encombrement est marqué par une augmentation hétérogène en 2024. Les fourrages de mauvaise qualité vont alors prendre plus de place dans le rumen des animaux mais ils ne suffiront pas à couvrir les besoins de production. La complémentation semble donc primordiale cette année.

Comparaison des résultats moyens des analyses des fourrages 2024 avec les références INRAE, source INOSYS Réseaux d’élevage

Comment s’adapter sur mon exploitation ? 

1 - J’identifie ma situation

Tout d’abord, il est nécessaire d’identifier d’une part les besoins de mon élevage et d’autre part ce dont dispose mon exploitation.  

Les besoins spécifiques de mes brebis sont établis par : 

• le poids 
• l’état corporel (NEC, note allant de 1 à 4), pour évaluer la reprise d’état 
• le stade physiologique (lactation, gestation, entretien...) 
• le mode d’hivernage (alimentation au pré ou en bâtiment) 

Ces 4 éléments vont permettre d'identifier dans les tables d’alimentation, les besoins en énergies, protéines et minéraux des animaux. 

Face à ces données, il faudra confronter ce qui est disponible sur mon exploitation à travers mes stocks de fourrages mais aussi la qualité de ces derniers. 

Quelques indicateurs pour évaluer la valeur d’un fourrage : 

• Le stade de récolte : Plus la fauche est proche du stade de floraison plus la plante perdra ces qualités nutritionnelles. 

Source : La production de fourrage - SEMAE Pédagogie

• La condition de récolte : une récolte en condition de forte pluviométrie détériore les valeurs et augmente le risque de contamination bactérienne. 

Point de vigilance lors de la récolte : Attention à la conservation des fourrages humides ! Surveillez la température de ces derniers à l’aide d’une sonde thermique afin d’éviter les risques d’incendie.  

Température au centre de la botte : 

• <40°C = normal. 

• Entre 40 et 60°C, le foin est en train de chauffer. Il convient de surveiller l’évolution de sa température puis de les stocker les bottes dans un local aéré, sans les entasser afin que l’air circule si cette dernière ne baisse pas.  

• 60°C = danger d’incendie. Contactez les pompiers pour connaitre la marche à suivre. 

2 - J’adapte mes pratiques :

Face à une hétérogénéité importante des fourrages cette année, il est essentiel de pratiquer des analyses pour équilibrer les rations correctement. Celles-ci me permettront d’identifier précisément la complémentation à effectuer si nécessaire et de ce fait d’éviter un surcoût alimentaire ou un déficit dans la couverture des besoins de mes animaux. Ces déficits pourraient provoquer une dégradation de l’état corporel des brebis et ainsi pénaliser les résultats techniques futurs. Il est également important de ne pas négliger les apports en minéraux. 

3 - Je booste la productivité de la troupe !

Il est nécessaire de mettre en place des pratiques de suivi de sa troupe ovine pour déceler les problèmes et adapter les rations si besoin. En priorité, identifier les brebis vides : la mise en place d’un suivi de fertilité avec des échographies ou un harnais marqueur permettra d’alloter correctement les animaux en fonction de leurs besoins physiologiques. Les brebis vides pourront être remises en lutte immédiatement pour maintenir la productivité numérique de l’élevage. Cela évite aussi des coûts importants dans l’alimentation de brebis improductives.

Compte-tenu d’un marché porteur de la viande ovine et d’un prix raisonnable du concentré acheté, le nombre d’agneaux produits est le critère essentiel de la rentabilité de votre atelier. La préparation à la mise bas (minimum 1 mois) permet d’avoir des agneaux plus vigoureux à la naissance et une meilleure lactation. En respectant les équilibres du système, produire plus d’agneaux est gagnant.

Vos conseillers ovins sont disponibles pour vous accompagner. N’hésitez pas à vous rapprocher d’eux.

Pour l’équipe INOSYS Réseaux d’élevage 

Dominique CANDAU 

Tania KÖRNER 

Laurent KELLER 

Laura KRZYWKOWSKI 

Gilles SAGET